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Le Viviblog

Improvisation : « A la manière du théâtre de l’absurde »

Par Batiste De Oliveira

C’est sans doute une question ou une remarque que vous vous êtes souvent faite, en jouant ou en regardant un spectacle d’improvisation : « Pourquoi est-il si difficile de faire une improvisation à la manière du théâtre de l’absurde ? », « Pourquoi les improvisations à la manière des œuvres de Ionesco ou Kafka, se ressemblent toutes ? »

Cet article nous est proposé par Cabot. Cabot est tombé dans la marmite de l’improvisation théâtrale lorsqu’il avait 8 ans et depuis, il n’en est jamais ressorti. Elève puis formateur pour enfants à l’Improthéo (Ligue d’Improvisation Théâtrale de l’Oise), il suit les Cours Florent puis co-crée Les Moustaches Sauvages, une troupe de Comédiens professionnels qui lui permets d’explorer les liens entre l’improvisation et le théâtre classique. Formateur à l’EFIT (l’Ecole Française d’Improvisation Théâtrale) depuis 2015, il propose également sa double compétence impro/théâtre à d’autres troupes d’impro qui souhaitent entre autres travailler certains genres théâtraux en profondeur.

Merci à lui.
Si vous aussi vous souhaitez proposer un article, écrivez-nous via notre formulaire.

« Parce qu’on ne sait pas ce qu’est l’absurde. »

Par définition, l’absurde est contraire à la raison, au sens commun. Un raisonnement absurde est un mécanisme de réflexion qui aboutit à un non-sens (1). Et c’est pour cela que dans l’imaginaire commun, lorsque l’on entend « absurde», on pense à quelque chose sans queue, ni tête.

Voilà sans doute la raison pour laquelle les improvisations qui en découlent ressemblent plus à une captation théâtrale diffusée sur ARTE à trois heures du matin, avec un homme nu qui court de cour à jardin en battant des bras pendant qu’une femme peinte en bleu coupe un morceau de jarret de porc en répétant en boucle : « Consumérisme ».

Et pourtant, le théâtre de l’absurde est un genre complexe et minutieux où tout est réfléchi et calculé. Le terme « absurde » désigne ici la condition des hommes, le non-sens de leurs vies, leurs existences dénuées de sens. Il faut une grande précision pour créer des personnages et des dialogues qui imagent l’absurdité de la condition humaine.

« En attendant Godot » – Samuel Becket. Photo par Bertrand Bovio

« Parce qu’on ne sait pas ce qu’est le théâtre de l’absurde. »

Sans doute parce qu’il est difficile à la base de définir ce qu’est le théâtre de l’absurde. Le terme de théâtre de l’absurde n’est qu’un nom vernaculaire que l’on a donné au théâtre d’avant-garde parisien des années 50 avec Eugène Ionesco, Samuel Becket et Arthur Amadov en tête d’affiche (2). Ce théâtre qui a trouvé des similitudes partout en Europe, chez Kafka en Autriche ou chez Gombrowicz en Pologne.

Je précise que ce ne sont pas des noms que je balance à la cantonade pour montrer ma grosse et belle culture. Oh non, ils sont là pour vous amener des noms, des précurseurs, des pionniers, des auteurs qu’il faut lire et découvrir, car il existe autant de théâtres de l’absurde qu’il existe de pièces absurdes.

Ces auteurs ont tous un point commun. Ils ont connu la Guerre. Parfois les Guerres. Avec un grand G, comme le point. Dans un monde qui devient de plus en plus scientifiques et laïc, voir athée. À la suite de l’expérience historique des camps de concentration et d’Hiroshima, la conviction selon laquelle le monde a un sens fut ébranlée. Ces auteurs on pris conscience de l’abîme entre les actes humains et les principes nobles. Ils se sont tous mis à se poser ce genre de questions :

« S’il n’y a rien après la mort, à quoi bon vivre ? »
« S’il n’y a personne pour nous juger de nos actes après notre mort, pourquoi être bon ? »
« Si l’Homme est capable de faire ce qu’il a fait durant les deux grandes guerres, en quoi faut il croire ? »

« Guernica » – Pablo Picasso

Aucun art ne se suffit à lui-même, l’absurde a son équivalent en peinture et sculpture : le cubisme. Même s’il naît au début du XXème siècle, il trouve son apogée lui aussi à Paris et découle de l’impact de la guerre sur ces artistes.

Ces artistes (auteurs, sculpteurs, peintres, etc.) ont donc créé des personnages traumatisés par la guerre. Dans la littérature, ils sont des personnages qui ne dominent plus leurs névroses, car la vie psychique a pris le pas sur la réalité.

Chaque pièce obéit à une logique interne, ce que j’aime appeler « une règle du jeu », ces personnages marqués par le traumatisme se retrouvent dans un univers commun car ils répondent à la même règle du jeu, au même moment. Bien que la scène soit absurde, les personnages sont cohérents entre eux.

Par exemple, les personnages principaux de La Cantatrice Chauve n’ont aucun but, ils ne tendent pas vers un dénouement esthétique. Alors que les deux autres personnages (La Bonne et Le Pompier) exercent leurs métiers et ont pour but de se retrouver.

Dans Oh les beaux jours de Becket, Winnie ne fait que s’enliser dans un long monologue sans but précis. Voyez la précision de la mise en scène, comment tout est contrôlé, chaque mot, chaque geste pour atteindre un but précis : Créer l’absurde et l’authenticité de cette situation.

« Parce qu’on ne sait pas retranscrire le théâtre de l’absurde. »

À partir de là, c’est de l’appréhension de chacun, représenter le théâtre de l’absurde va dépendre de l’avis de chacun sur ce théâtre et les œuvres qui le composent. Le travail principal sera d’aller lire ces œuvres et d’essayer de comprendre. Comprendre pourquoi l’auteur a décidé d’écrire cette oeuvre. Pour quelles raisons l’apprécie-t-on ou non ? Qu’est-ce-que l’on aime et qu’est ce qui nous dérange ? C’est en arrivant à formuler des réponses concrètes à ces questions que l’on peut être à même de les reproduire sur scène.

Par exemple, dans la scène d’ouverture de la Cantatrice Chauve (3), c’est une scène de répétition. Les deux personnages principaux lisent une histoire dans le journal et réagissent à cette histoire. Il y a une répétition du nom Bobby Watson, qui est utilisé pour tous les personnages de l’histoire qu’ils lisent, mais aussi une répétition des réactions des deux personnages par rapport à cette histoire. C’est ça la règle du jeu. Répéter les réactions et les échanger.

Dans la scène qui suit, deux personnages croient se reconnaître et à force de conversation, ils apprennent qu’ils vivent dans le même appartement. Pourtant, ils ne se reconnaissent vraiment jamais et ils auront les mêmes réactions à chaque fois que l’un ou l’autre donne une information les concernant.

La deuxième chose à travailler, c’est de savoir créer spontanément ces « règles du jeu », il faut arriver en quelques secondes à se mettre d’accord avec ces partenaires. « Quel est l’absurde de la scène que nous jouons ? », car il faut pouvoir se dire rapidement et tacitement cette règle du jeu. Nous ne pouvons pas réaliser et dire tout et n’importe quoi sur scène. Il faut que tous les personnages soient d’accord.

Il y a deux façons de créer une règle du jeu.

La première s’utilise si l’on veut dénoncer quelque chose, avoir un propos. Dans ce cas là, la règle du jeu va découdre logiquement du propos.

Si je veux dénoncer que je trouve absurde que l’on puisse payer 60€ une assiette d’asperges au vinaigre balsamique dans un grand restaurant juste parce que tout le monde sait que c’est LE restaurant. Nous pourrions jouer sur le fait qu’il y ait une file d’attente de boite de nuit devant le restaurant et des videurs pour ouvrir la porte, ou qu’il faut offrir une partie de son corps en payement pour la nourriture, ou même que dans l’assiette il n’y a qu’un grain de maïs.

On ne peut pas mélanger toutes ces situations, car le message serait trop évident et le public ne serait plus sur lequel se concentrer, car chacun dénonce une facette différente du même problème. Cela finirait en une cacophonie et suite d’évènements ne faisant aucun sens. Mais pourtant c’est cette première méthode qui permet à mon sens d’être le plus proche d’une oeuvre du théâtre de l’absurde. Même si elle peut manquer de subtilité.

La deuxième méthode serait de créer simplement une règle de jeu et de trouver ensuite ce que l’on peut transmettre ou dénoncer grâce à elle.

Si l’on décide de tous s’appeler par le même prénom, alors peut-être faudra-t-il jouer sur le fait que personne n’est unique et créer des situations qui mettent cela en avant. Ou alors si l’on décide de se gifler à chaque fois que quelqu’un prononce le mot « banane », il va falloir créer des situations où ce mot est souvent employé, dans un univers où cela signifie quelque chose.

Cette méthode est beaucoup plus difficile à obtenir pendant un match ou lors d’un spectacle dans lequel les comédiens ne se connaissent pas forcément. Mais par contre, dans un collectif qui a l’habitude de jouer ensemble et qui se connait bien, cela peut être une solution optimale et qui plus est, elle sera virtuose aux yeux du public.

Conclusion sur le théâtre de l’absurde en impro

Pour finir, je sors toujours autant insatisfait d’une improvisation à la manière de l’absurde, car il est difficile de ne pas tomber dans la facilité de dire n’importe quoi. Il est encore plus difficile de faire comprendre à ses partenaires la règle du jeu. Quand l’univers est plus précis, comme Kafka ou Ionesco, il est déjà beaucoup plus simple d’organiser une pensée et un objectif.

Cabot dans une scène d'improvisation à la manière du théâtre de l'absurdeLorsque cette photographie a été prise, durant un match d’improvisation, nous étions en pleine improvisation à la manière de Ionesco. J’ai eu la chance d’avoir en face de moi un joueur québécois très réceptif qui a su comprendre ce que je mettais en place. Nous avons réussi à créer un début d’histoire cohérent et justifié. Ainsi, aussi étrange que cela puisse paraître, cette position où je porte mon partenaire était parfaitement explicable.

Mais plus l’impro avançait, plus les répliques « à côté de la plaque » fusait et plus il était difficile de tenir une histoire, un dialogue ou une situation. Malgré tous les efforts pour utiliser ces répliques dans un contexte et les relier, nous avons finalement terminé sur une improvisation qui ressemblait plus à du théâtre conceptuel au théâtre de la Colline qu’à du théâtre de Ionesco.

C’est toujours frustrant mais au moins nous avons réussi à créer quelque chose d’intéressant qui ne ressemblait pas à deux bourgeois anglais qui boivent du thé en alternant leurs répliques pendant qu’un comédien au fond sonne des heures comme : « Treize heures soixante-quatre ».

Le théâtre de l’absurde reste quoi qu’il arrive une forme précise du théâtre. Elle correspond à une époque, une ambiance, une pensée qui n’est plus. Elle restera donc toujours difficile à représenter scéniquement et encore plus en improvisation. C’est un peu comme improviser des alexandrins, avec les douze pieds, la césure à l’hémistiche, l’alternance des rimes masculines et féminines et la vérité qui éclate à la rime. Cela demande beaucoup d’entrainement pour y arriver mais, au pire, il suffit de la bonne prise de parole et de quelques outils techniques pour y parvenir.

*****

« La vérité ne se trouve d’ailleurs pas dans les livres, mais dans la vie. »
Eugène Ionesco / « La Cantatrice Chauve »

« Au commencement était le calembour. »
De Samuel Beckett / « Murphy »


Notes de l’auteur

(1) Définition dictionnaire Larousse.
(2) Définition personnelle inspirée de diverses œuvres.
(3) J’utilise beaucoup cette pièce comme exemple, car chaque scène peut être utilisée indépendamment des autres pour montrer un propos.

Osons le mélange des arts de la scène !

Par Félix Philippart

Bon… Déjà, pardon. Pardon car oui, c’est vrai, le titre de cet article n’est ni joli, ni vendeur. Il est exigeant, un peu lourd, voire un peu m’as-tu-vu. Mais pourtant, après avoir retourné le problème dans tous les sens, il m’est apparu compliqué de trouver un autre titre, capable de décrire aussi bien le point que je tiens aujourd’hui à mettre en lumière. Ici, sur Viviarto, le mélange des différentes disciplines artistiques est au cœur de la plateforme.

Cet article nous est proposé par Félix Filippart. Comédien, formateur et improvisateur professionnel, Félix a évolué dans ce domaine grâce à des professionnels passionnés par leur discipline. C’est cette même passion qui lui a été transmis, l’anime et pourrait lui faire parler travail pendant des heures. Ainsi, c’est toujours un plaisir pour lui de partager ses expériences, ses réflexions, ses motivations, d’échanger avec d’autres… Friands de nouvelles rencontres, Félix cherche toujours à explorer de nouveaux outils de travail, de nouvelles méthodes afin de continuellement remettre en question sa pratique. Félix a fondé sa propre Compagnie, la Compagnie PAF! qu’il dirige et continue de se former en travaillant ponctuellement auprès d’improvisateurs de renoms tels que Richard Perret, Olivier Descargues, Jibé Chauvin, Viviane Marcenaro…

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Sortir de sa zone de confort artistique

Mais pourquoi ce besoin de créer un site internet ayant pour objectif de pousser les praticiens de différents arts à se rencontrer et à travailler ensemble ? Cette rencontre pluridisciplinaire ne devrait-elle pas être naturelle et spontanée ? Il est assez amusant de constater que la culture artistique française (aussi riche et variée soit-elle) est un peu peureuse, à l’inverse des Anglais ou des Américains par exemple (qui eux s’en donnent à cœur joie pour mêler plusieurs arts : musique, danse, chant, textes et improvisation au sein d’un même spectacle).

Il faut bien l’admettre : nous avons tendance à rester dans notre petite zone de confort. Pourtant pas de secret, si les Américains (pour ne citer qu’eux) ont cette faculté à croiser avec autant de brio de nombreuses disciplines artistiques, cela n’a rien d’inné. Culturel certes, mais pas inné. Tout vient du travail. Alors qu’attendons-nous ? Et, bien que cet article puisse être lu par le plus grand nombre et par des artistes de toutes disciplines, je m’adresse désormais plus précisément aux improvisateurs : Avouons-le, que ce soit en match d’impro, en cabaret, en long-forms ou dans d’autres formats de spectacles improvisés, nous avons tous vécu au moins une improvisation chantée où le joueur envoyé n’avait alors aucune notion de chant et partait alors dans une improvisation plus cabotine et caricaturale qu’une réelle performance artistique d’improvisation chantée, enchaînant les fausses notes, les mauvaises rimes et j’en passe ! Et ce n’est là qu’un exemple parmi tant d’autres.

Enrichir ses scènes d’improvisation théâtrale

Utiliser la danse en improvisation théâtraleL’improvisation théâtrale est une discipline artistique exigeante et ô combien risquée. De par son nom, elle se veut « théâtrale » et donc scénique. Ce simple mot devrait obliger chaque improvisateur rentrant en scène à se souvenir qu’il doit se tenir à un niveau d’exigence tout relatif, bien évidemment à son niveau personnel, son expérience et son statut (professionnel ou amateur) et sans pour autant se mettre une surpression). N’oublions jamais que faire de l’improvisation théâtrale est déjà présomptueux, car c’est admettre d’office face à un public : « vous avez payé sans savoir ce que vous allez voir et nous sommes suffisamment confiants pour estimer que la qualité du spectacle que nous vous offrons sera à la hauteur de ce prix. ». Mais cette seule auto-assurance ne se suffit pas à elle-même pour tenir tout un spectacle d’improvisation. De plus, produire un spectacle improvisé, qu’il soit théâtral, musical ou chorégraphique (car rappelons-le, l’improvisation ne se contente pas que du théâtre), c’est admettre que l’on souhaite valoriser l’improvisation non pas comme un outil (comme on peut l’utiliser dans des démarches de création de spectacles de danse ou de théâtre à texte) mais bien comme un fin en soi. Cette fin, nous estimons, nous improvisateurs, qu’elle peut être suffisamment propre pour la produire face à un public payant. Tout cela demande donc, vous l’aurez compris, une rigueur et une exigence de travail en conséquence, qui doivent être présents du travail d’exploration en atelier jusqu’à la dernière minute des spectacles.

En partant de ceci, il m’apparaît comme capital d’assumer pleinement tous ces postulats, de les respecter et donc, de nous forcer, nous, improvisateurs (professionnels comme amateurs) à travailler, à explorer et à chercher dans notre discipline artistique, certes, mais également dans les autres. Bien entendu, il ne s’agit pas par-là de faire de chaque improvisateur un incroyable chanteur/danseur/musicien/performeur mais simplement de permettre à chacun d’avoir des notions suffisantes dans de nombreux registres afin d’élargir notre palette. Et puis après tout, cela peut également permettre à chacun de pouvoir pousser plus haut la chansonnette en enchaînant quelques pas de danse dans sa salle de bain !

Croiser et mélanger plusieurs disciplines artistiques

Festival Improvise!
Edition 2015 du Festival Improvise!

Pendant plusieurs années, à Caen, la Compagnie Macédoine organisait le festival Improvise! : Une semaine d’ateliers et de spectacles ouverts à tous où se mêlaient de nombreuses disciplines artistiques (théâtre, chant, danse, arts plastiques musique, écriture, cirque et vidéo) mais uniquement dans leur forme improvisée. Le festival était toujours clos par un spectacle improvisé pluridisciplinaire où se rencontraient les professionnels de chaque discipline artistique.

L’occasion pour nous tous de nous ouvrir aux autres et de travailler ensemble, chacun avec nos méthodes, nos codes et nos techniques, mais dans un objectif commun : la propreté du spectacle. Ainsi se mêlaient et s’entrecroisaient saynètes improvisées, chorégraphies collectives spontanées sur des mélodies composées sur l’instant etc. De plus en plus, au fil du temps, des rencontres, des échanges et des expériences, je prends conscience que c’est sans doute là, dans ce mélange pluridisciplinaire et cette curiosité que se cache la clé pour être un artiste le plus complet possible. Evidemment, il nous faudra à tous beaucoup de temps pour arriver à ce stade (si tant est qu’on puisse un jour y arriver) et rien n’est jamais pleinement acquis. Et c’est là une autre difficulté de nos métiers : les disciplines artistiques ne cessent d’évoluer, de changer, d’être questionnées par leurs artistes ! Nous aurons toujours des choses à apprendre, dans notre domaine scénique bien sûr mais encore plus dans ceux des autres.

Je parlais plus haut de notre « zone de confort »… Cette zone dont on entend si souvent parler. Certains disent qu’il faut en sortir, d’autres qu’il faut simplement chercher à l’élargir au maximum pour s’y sentir plus à l’aise. Pour ma part, je ne me positionne clairement dans aucun de ces deux choix et cherche à nuancer au maximum : Oui, il faut sortir de sa zone de confort. C’est ceci qui permet de mettre l’acteur et l’improvisateur réellement au travail, rendant par là le spectacle vivant et intéressant. Certains ont malheureusement souvent tendance à penser que lors d’un spectacle d’impro, les improvisateurs sont sur scène « pour s’amuser » et s’amuser seulement… Oui, ils doivent bien sûr y prendre leur plaisir mais ne pas pour autant s’en contenter et en oublier le public qui a payé. Et pour cela, l’improvisateur lorsqu’il est sur scène doit (encore plus qu’en atelier) travailler, rechercher et essayer.

L’acteur et l’improvisateur appartiennent à la même famille. Ils sont donc autant au travail et en recherche l’un et l’autre lorsqu’ils sont sur scène. S’il ne sort pas de sa zone de confort, l’acteur ou l’improvisateur se repose sur ses aisances et facilités sans prendre à aucun moment un réel risque. Cependant, un trop gros risque peut s’avérer dangereux pour le spectacle comme pour le comédien et aussi bien physiquement que moralement. Un improvisateur qui n’aurait aucune notion de danse, et qui souhaiterait lors d’une comédie musicale endiablée, réaliser un pas de bourré suivi d’un porté digne des meilleurs productions de Broadway avec l’un de ses partenaires prend sciemment le risque de se blesser, lui et son camarade, et par là-même, nuire au bon déroulement du spectacle. Ainsi, il est nécessaire d’élargir au maximum sa zone de confort, car plus celle-ci est large, plus l’on peut se permettre d’en sortir, de prendre plus de risques et ainsi d’offrir le spectacle le plus varié et professionnel possible.

Lancez-vous, osez d’autres pratiques !

Photo d'un surfeur dans une vague, métaphore de l'artiste dans un océan de disciplines artistiquesPour imager tout cela, un homme qui surfe sur une mer calme n’a aucun intérêt à être regardé. On souhaite le voir surfer sur des grosses vagues pour pouvoir pleinement profiter du spectacle. Cependant, si celui-ci s’engage dans une tempête énorme, plus aucun spectateur ne pensera à la prestation sportive, trop inquiets pour la vie du surfer. Il n’est pas dans l’intérêt du spectacle de prendre des risques inconsidérés. Pour cela, travaillons ! Élargissons notre champ des possibles ! Recherchons ! Questionnons ! Ratons, car cela fait partie à part entière d’un processus de création artistique ! Dédramatisons l’échec ! Assumons nos points forts et cultivons-les ! Assumons également nos faiblesses et cherchons à les combler ! Mais j’aurai beau rôle de jouer ici au tribun sans vous proposer quelques contacts utiles ! Vous trouverez-donc ci-dessous une liste (non exhaustive bien entendu) des meilleurs professionnels ou organismes professionnels dans leurs domaines artistiques pour vous aider à élargir votre champ des possibles ! Tous ces formateurs sont d’ores et déjà sur Viviarto et prêts à proposer des stages ou formations sur mesure !

Pour ma part, je serai également ravi de venir proposer une journée, un week-end (ou plus) de formation sur le jeu ou sur l’improvisation (tous niveaux et toutes demandes). N’hésitez pas à conseiller d’autres structures qui vous semblent pertinentes en commentaires.

En espérant en avoir convaincu un maximum, Bon travail à tous et merci de votre lecture !


Des formations artistiques de référence

Improvisation théâtrale
  • La Ligue Majeure d’Improvisation – Première référence de l’improvisation théâtrale en France, la Majeure propose des stages et formations sur Paris mais également sur demande en Province.
  • La Compagnie d’Improvisation Eux – L’un des piliers de la scène d’improvisation parisienne, les Eux pratiquent l’improvisation théâtrale grâce aux méthodes de Keith Johnstone.
  • La LIFI – Véritable école d’improvisation depuis 1997, la LIFI a formé de très nombreux improvisateurs dont beaucoup ont finalement intégré des ligues professionnelles.
Jeu théâtral
  • Ici, les possibilités de manquent pas. A Paris comme en Province : cours amateurs, écoles privées, Conservatoires régionaux, départementaux, nationaux… Toutes ces structures font légion pour offrir une formation riche et pluridisciplinaire. A vous donc de faire votre choix, en fonction de ce qui vous arrange et surtout, de vos envies de travail.
Chant
  • Method Acting Center – Qui propose une approche du travail de la voix par le chant. Tout en douceur donc !
  • Le chant des possibles – Ecole de chant située à Paris, en plein Montmartre !
  • Y’a d’la voix – Ecole de chant parisiennes qui offre à ses élèves des moyens professionnels pour parfaire leurs techniques de chant.
Danse
  • Camille Lélu – Danseuse et chorégraphe, elle aborde sa discipline artistique avec rigueur, exigence, bonne humeur et humour. En atelier, Camille sait emmener groupes et individus dans un sens commun pour développer l’expression corporelle.
  • Moona Khilana – Chorégraphe, Danseuse orientale, tribale et tribal-fusion, Moona pratique et enseigne également l’ITS (Improvisationnal Tribal Style), un style de danse entièrement improvisé.
  • Les Pas Indispensables – Collectif de danse contemporaine travaillant énormément sur la théâtralité du corps.
Clown
  • L’École du Samovar – Première référence du clown à Paris. L’endroit idéal pour découvrir cette merveilleuse discipline, trouver son clown, l’explorer et le faire travailler.
  • Compagnie Envie de Jeu – Dans des ateliers artistiques animés par Chantal Fourcault, vous pourrez explorer tous niveaux de clowns.
  • Compagnie A Vol d’Oiseaux – Ca ne pouvait pas mieux tomber, Françoise Simon propose cet été un stage mêlant clown et chant.
Mime
  • Cécile Ghrénassia – Comédienne, clown et mime, formée directement auprès du Mime Marceau.
  • Compagnie Le Bateau Ivre – La compagnie travaille de nombreuses manières d’explorer l’art du mime.

Patti Stiles : « Inspirez votre partenaire » en impro

Par

Bonjour à tous,

Voici la traduction d’un article que nous aimons beaucoup, d’une improvisatrice que nous aimons encore plus, Patti Stiles ! Pour retrouver toute la puissance de ce texte, nous vous invitons à lire l’original en anglais sur son blog.


Bonjour tout le monde,

« Inspirez votre partenaire » est une expression très importante. C’est le corollaire de « Faites en sorte que votre partenaire paraisse bon ». Les deux sont mes mantras et je tends vers eux à chaque fois que j’enseigne, que je joue ou que je dirige.

A chaque fois je constate un écart considérable entre les joueurs qui jouent pour inspirer leurs partenaires et ceux qui ne le font pas.

Lorsque quelqu’un a pour objectif d’inspirer ses partenaires, il focalise son attention vers l’extérieur plutôt que vers l’intérieur. Il se connecte aux autres d’une manière plus profonde. Il est attentif, écoute et observe intensément, activement et non passivement. Il ne regarde pas la scène en se disant « Qu’est ce que je peux faire ou qu’est ce que je peux utiliser », mais il observe la scène et se demande « Qu’est ce qu’il se passe maintenant ? » ou « Qu’est-ce qui est nécessaire à la scène ? » Ressentez-vous la différence ? La première question fait glisser les gens dans le futur, l’autre connecte les personnes dans le présent.

Je suis convaincue que jouer activement pour inspirer son partenaire vous entraîne positivement de différentes manières. Cela vous permet d’être plus détendu et donc plus disponible pour les scènes qui sont créées à chaque instant. En étant ouvert à chaque moment vous démultipliez les stimuli créatifs. Cela fait passer d’un processus intellectuel à un art de jeu plus impulsif, plus intuitif. Cela construit la confiance et élimine la compétition interne de la scène.

Maintenant COMMENT inspirer votre partenaire ? Eh bien pour être transparente, si la technique est la même, l’action est différente pour chaque improvisateur et chaque moment. C’est l’aspect le plus drôle et le plus excitant. L’improvisation se vit sur le moment.

Lorsqu’un joueur a pour objectif d’inspirer son partenaire, une certaine approche que j’ai déjà constatée rend le jeu encore plus difficile. J’observe fréquemment dans les « Super Scènes » ou les « Maestro »  des directeurs stressés. Ils me racontent qu’ils ont réfléchi et préparé comment inspirer leurs partenaires. Ils veulent tellement inspirer et tellement bien le faire que quelque chose de nuisible se produit. Ce stress fait transparaître que le focus est en fait dans le besoin du directeur. Tout l’enjeu devient que le directeur fasse bien les choses au lieu de se focaliser sur l’expérience des joueurs. Leur boussole est éteinte.

Je sais que ce n’est pas leur intention mais c’est pourtant bel et bien ce qui se produit. La plupart de ces personnes veulent valoriser leurs partenaires avant tout et leur donner une belle expérience. Cependant, le stress d’avant-scène et la préparation mettent le metteur en scène dans une situation de bachotage intensif avant un examen important.  Les enjeux sont élevés ! Je dois vraiment être préparé pour réussir !

« Respirer – c’est plus simple que vous ne le pensez. » Pattie Stiles.

Bien sûr qu’il est légitime de réfléchir à plusieurs idées avant un spectacle. Mais si vous vous retrouvez à réfléchir à « Ils aiment faire ça, ils sont bon à faire ça, ça va être hilarant », alors peut être que vous devez remplacer vos réflexions par « Qu’est-ce que je ne les ai jamais vu jouer ? Quel est l’opposé de ce qu’ils font toujours ? Qu’est-ce qui déclenche de la passion en eux (idées, points de vue, croyances, histoires, personnages) ? ». Vous ouvrez les possibilités de votre esprit avant même de commencer le spectacle. Si vous êtes dans l’état d’esprit de rejouer le passé, vous allez probablement diriger de cet endroit.

Trop de spectacles de « Maestro » souffrent du travail trop intense de metteurs en scène qui cherchent à être performants et inspirants. Ils portent un poids trop important sur leurs épaules et confondent le succès (souvent assimilé aux nombre de rires) et l’inspiration. Inspirer quelqu’un ce n’est pas lui donner ce qu’il a fait des centaines de fois et qu’il a réussi.

Alors qu’est-ce que l’inspiration ?

Le verbe Inspirer est originaire du vieil anglais « Enspire » (définition du guide divin) ; du vieux français « Inspirer », du latin « Inspirare »  – respirer ou soufler dedans – de in – à l’intérieur + spirare – respirer. Le mot était initialement utilisé pour les entités divines ou surnaturelles, dans le sens « conférer une vérité ou une idée à quelqu’un ».

Le verbe inspirer

  • Verbe : Donner l’envie (à quelqu’un) ou la capacité de faire ou de sentir quelque chose, en particulier à faire quelque chose de créatif.
  • Synonyme : Créer un sentiment (surtout positif) chez une personne.

Le nom inspiration

  • Le processus d’être mentalement stimulé pour faire ou pour sentir quelque chose, en particulier pour faire quelque chose de créatif.
  • Stimulation de l’esprit et ou des émotions à un niveau élevé de sentiment et/ou d’activité.
  • Stimulation ou éveil de l’esprit, des sentiments, etc. envers une activité/créativité spécifique ou inhabituelle.

Théologie : Une influence divine directement et immédiatement exercée sur l’esprit ou l’âme.

Dans ces définitions j’aime la manière dont l’acte d’inspirer ou d’être inspiré stimule et incite les pensées, la créativité et les émotions des autres. Voilà ce que nous devrions faire dans notre travail d’improvisation.

Voici une citation de Keith que j’ai apprise très tôt et qui est toujours dans mon esprit.

« La plus grande compétence d’un improvisateur est sa capacité à inspirer l’imagination de son partenaire. » Keith Johnstone.

Inspirer votre partenaire est une technique développée en concentrant votre énergie sur les besoins de votre partenaire et en vous permettant d’être disponible à tout moment tout au long de la scène. Laissez-vous de côté un instant, stimulez (inspirez) l’imagination de votre partenaire et accrochez-vous pour la chevauchée !

Quand je joue avec quelqu’un qui me donne ce cadeau et que nous sommes tous les deux dans l’impulsion et l’intuitivité, c’est comme si je volais. Voler vers l’inconnu, la scène se déroule organiquement du plus profond de nos entrailles et ne sort pas de notre cerveau. C’est une chute magnifique où ses pensées, ses émotions et ses idées arrivent naturellement. Mon imagination est stimulée et je ressens une joie intense d’être inspirée. C’est un cadeau extraordinaire à donner, à recevoir ou même à regarder quand les autres partagent ça.

« Quand cela fonctionne, vous allez vers un autre lieu, vous êtes en train d’écrire des choses totalement universelles, complètement au-delà de votre égo et de vous-même. Voilà de quoi il s’agit. » Keith Haring


N’hésitez pas à partager son blog et ses articles ! Que nous soyons improvisateur ou non, il y a de belles leçons à explorer.

Jacques

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